Page 98 - Translation Journal July 2015
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Cameroun une connotation ethnique (Simo Bobda, 2001; Ayonghe, 2009). Ainsi, le terme «francophone» désigne tout individu issu
d’une tribu des huit provinces que constituait le Cameroun francophone. Il ne s’agira point ici des considérations ethniques. Dans le cas
présent, il s’agira plutôt des personnes (masculines ou féminines) qui ont le français comme première langue officielle, soit en raison du
système éducatif qu’ils ont suivi, soit parce qu’originaires de l’une des huit régions francophones du pays. Il importe de préciser que les
sujets de cette étude sont issus de diverses régions du pays: le Centre (11 sujets soit 64,7%), l’Ouest (5 sujets soit 29,4%), et le Nord-
ouest (1 sujet soit 5,9%).
De plus, la situation linguistique ne se limite pas uniquement aux deux principaux groupes linguistiques du pays, notamment les
francophones et les anglophones. Nous nous intéressons également aux langues autochtones. Dans ce cas précis, nous parlons de
l’acquisition d’une langue étrangère. Il aurait donc été mal approprié d’inclure dans notre échantillon des locuteurs, natifs ou non, de la
langue bamoun. Ainsi, en plus d’être francophones, les sujets sont des non-locuteurs natifs du bamoun. Ce choix s’est opéré afin que
nos résultats ne soient pas biaisés. Nous ne pouvions pas associer des sujets ayant déjà une certaine connaissance de la langue objet
de notre étude à ceux qui n’ont aucune maîtrise de celle-ci.
4.5. Collecte des données
Tous les sujets ont été soumis à un pré-test dans l’optique de mesurer leur niveau de connaissance de la langue avant l’introduction du
film sous-titré. Les notes obtenues à l’issue de ce pré-test nous serviront lors de l’analyse des données. N’étant pas locuteur natif du
bamoun, il nous apparaissait quasiment impossible d’évaluer la connaissance de la langue ou même d’élaborer un test. Nous avons
donc eu recours à l’assistance d’un informateur, en la personne de Njifon Josué, étudiant titulaire d’une licence en lettres bilingues et
locuteur natif du bamoun, qui a démontré une parfaite maîtrise de la langue. Nous avons rencontré notre informateur avec une liste de
mots présents dans le film que nous allions faire visionner à nos sujets. Nous avons ensuite visionné le dit film avec notre informateur. Ce
dernier nous a aidé à capturer avec exactitude et précision les mots tels que prononcés par les acteurs. Nous les avons ensuite transcrits.
Ce n’est qu’au terme de ce travail préliminaire que le test a été confectionné. Il importe à ce niveau de préciser que l’épreuve qui nous a
servi de pré-test a subi quelques modifications lors du post-test. Nous avons conservé les mêmes mots, mais introduit un exercice de
traduction de ces mots en bamoun. Cette manipulation est due, d’une part, au fait que nous souhaitions inclure la variante traduction
car nous sommes dans une école de traduction et cette acquisition de compétences linguistiques en bamoun pourrait être évaluée lors
d’exercices de traduction en langues africaines. D’autre part, nous ne voulions pas de réponses automatisées ou choisies au hasard au
terme de la période de contact linguistique.
La deuxième étape de notre expérience est l’introduction du film. Nous avons réparti le film en épisodes de quinze (15) minutes. Le film
étant d’une durée totale d’une heure et trente minutes, nous avons obtenu six épisodes de quinze minutes chacun. Par ailleurs, nous
le savons, l’acquisition du langage est un processus passif qui nécessite beaucoup de temps. La durée du contact audiovisuel avec la
langue bamoun est de trois semaines, nous donnant ainsi le temps de collecte et d’analyse des données dans les limites imparties. Cet
espace temps peut sembler très court. Toutefois l’acquisition du vocabulaire est la première étape de l’acquisition d’une langue étrangère.
En trois semaines de contact quotidien avec la langue, il est possible d’en avoir appris une certaine quantité. Chacun des 17 sujets de
notre étude a donc visionné 15 minutes du film chaque jour pendant trois semaines. Ils auront visionné le film en entier à trois reprises.
Il était indispensable que chacun des sujets puisse regarder le film en lisant les sous-titres. Nous leur avons précisé quel usage en faire.
Au terme de la période de trois semaines, nous avons soumis nos sujets à un second test de vocabulaire, le même qui leur avait été
soumis au début de l’expérience, mais cette fois, accompagné d’un questionnaire contenant des questions au sujet des difficultés qu’ils
ont rencontrées lors du visionnage du film. Nous devons également préciser que chaque test de langue était subdivisé en deux sections:
la première se présentant sous forme de questionnaire sur les informations personnelles du sujet et la deuxième, constituée du test
proprement dit. Les données ainsi recueillies, nous allons présenter la méthode d’analyse des données dont nous avons fait usage.
4.6. Analyse des données
En raison de la nature expérimentale de notre travail, nous avons opté pour une analyse statistique des données, dans l’optique d’établir
des relations mathématiques entre les variables (l’amélioration des notes des sujets, preuve scientifique de l’acquisition du vocabulaire
bamoun et l’introduction d’un film sous-titré). C’est la raison pour laquelle nombre d’arguments avancés dans le cadre de cette étude
seront appuyés par des valeurs statistiques.
Nous commencerons par présenter dans un tableau les notes obtenues au pré-test par chacun des sujets. Une fois les données
recueillies et présentées sous forme de tableaux, le travail d’analyse commence par le calcul d’un nombre qui puisse résumer à lui seul
l’ensemble des données. Il s’agit de dégager la tendance centrale de l’échantillon. Cette valeur centrale donne une idée synthétique sur
le niveau général des sujets. Elle nous servira aussi d’outil de comparaison entre l’avant et l’après film. Nous présenterons ensuite les
notes obtenues par les sujets lors du second test de vocabulaire. Nous en calculerons également la moyenne et nous procéderons par
la suite à une comparaison des deux moyennes.
Une simple comparaison des moyennes des notes obtenues par les sujets avant et après la diffusion des films reste cependant largement
insuffisante pour vérifier l’hypothèse selon laquelle le sous-titrage favoriserait l’acquisition du vocabulaire bamoun. Nous avons opté
pour le T-test, l’un des plus connus et des plus utilisés ; et le test ANOVA. Par ailleurs, nous devrons procéder au calcul de la valeur de
Pearson ou valeur p. Elle représente la probabilité ou le risque de commettre une erreur en affirmant qu’il existe une relation entre les deux
variables. C’est cette valeur qui permet de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse statistique, et partant, l’hypothèse de recherche. Pour
conclure à la présence d’un lien entre les variables, la valeur p doit être inférieure à 0,05, soit inférieure à 5%.
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d’une tribu des huit provinces que constituait le Cameroun francophone. Il ne s’agira point ici des considérations ethniques. Dans le cas
présent, il s’agira plutôt des personnes (masculines ou féminines) qui ont le français comme première langue officielle, soit en raison du
système éducatif qu’ils ont suivi, soit parce qu’originaires de l’une des huit régions francophones du pays. Il importe de préciser que les
sujets de cette étude sont issus de diverses régions du pays: le Centre (11 sujets soit 64,7%), l’Ouest (5 sujets soit 29,4%), et le Nord-
ouest (1 sujet soit 5,9%).
De plus, la situation linguistique ne se limite pas uniquement aux deux principaux groupes linguistiques du pays, notamment les
francophones et les anglophones. Nous nous intéressons également aux langues autochtones. Dans ce cas précis, nous parlons de
l’acquisition d’une langue étrangère. Il aurait donc été mal approprié d’inclure dans notre échantillon des locuteurs, natifs ou non, de la
langue bamoun. Ainsi, en plus d’être francophones, les sujets sont des non-locuteurs natifs du bamoun. Ce choix s’est opéré afin que
nos résultats ne soient pas biaisés. Nous ne pouvions pas associer des sujets ayant déjà une certaine connaissance de la langue objet
de notre étude à ceux qui n’ont aucune maîtrise de celle-ci.
4.5. Collecte des données
Tous les sujets ont été soumis à un pré-test dans l’optique de mesurer leur niveau de connaissance de la langue avant l’introduction du
film sous-titré. Les notes obtenues à l’issue de ce pré-test nous serviront lors de l’analyse des données. N’étant pas locuteur natif du
bamoun, il nous apparaissait quasiment impossible d’évaluer la connaissance de la langue ou même d’élaborer un test. Nous avons
donc eu recours à l’assistance d’un informateur, en la personne de Njifon Josué, étudiant titulaire d’une licence en lettres bilingues et
locuteur natif du bamoun, qui a démontré une parfaite maîtrise de la langue. Nous avons rencontré notre informateur avec une liste de
mots présents dans le film que nous allions faire visionner à nos sujets. Nous avons ensuite visionné le dit film avec notre informateur. Ce
dernier nous a aidé à capturer avec exactitude et précision les mots tels que prononcés par les acteurs. Nous les avons ensuite transcrits.
Ce n’est qu’au terme de ce travail préliminaire que le test a été confectionné. Il importe à ce niveau de préciser que l’épreuve qui nous a
servi de pré-test a subi quelques modifications lors du post-test. Nous avons conservé les mêmes mots, mais introduit un exercice de
traduction de ces mots en bamoun. Cette manipulation est due, d’une part, au fait que nous souhaitions inclure la variante traduction
car nous sommes dans une école de traduction et cette acquisition de compétences linguistiques en bamoun pourrait être évaluée lors
d’exercices de traduction en langues africaines. D’autre part, nous ne voulions pas de réponses automatisées ou choisies au hasard au
terme de la période de contact linguistique.
La deuxième étape de notre expérience est l’introduction du film. Nous avons réparti le film en épisodes de quinze (15) minutes. Le film
étant d’une durée totale d’une heure et trente minutes, nous avons obtenu six épisodes de quinze minutes chacun. Par ailleurs, nous
le savons, l’acquisition du langage est un processus passif qui nécessite beaucoup de temps. La durée du contact audiovisuel avec la
langue bamoun est de trois semaines, nous donnant ainsi le temps de collecte et d’analyse des données dans les limites imparties. Cet
espace temps peut sembler très court. Toutefois l’acquisition du vocabulaire est la première étape de l’acquisition d’une langue étrangère.
En trois semaines de contact quotidien avec la langue, il est possible d’en avoir appris une certaine quantité. Chacun des 17 sujets de
notre étude a donc visionné 15 minutes du film chaque jour pendant trois semaines. Ils auront visionné le film en entier à trois reprises.
Il était indispensable que chacun des sujets puisse regarder le film en lisant les sous-titres. Nous leur avons précisé quel usage en faire.
Au terme de la période de trois semaines, nous avons soumis nos sujets à un second test de vocabulaire, le même qui leur avait été
soumis au début de l’expérience, mais cette fois, accompagné d’un questionnaire contenant des questions au sujet des difficultés qu’ils
ont rencontrées lors du visionnage du film. Nous devons également préciser que chaque test de langue était subdivisé en deux sections:
la première se présentant sous forme de questionnaire sur les informations personnelles du sujet et la deuxième, constituée du test
proprement dit. Les données ainsi recueillies, nous allons présenter la méthode d’analyse des données dont nous avons fait usage.
4.6. Analyse des données
En raison de la nature expérimentale de notre travail, nous avons opté pour une analyse statistique des données, dans l’optique d’établir
des relations mathématiques entre les variables (l’amélioration des notes des sujets, preuve scientifique de l’acquisition du vocabulaire
bamoun et l’introduction d’un film sous-titré). C’est la raison pour laquelle nombre d’arguments avancés dans le cadre de cette étude
seront appuyés par des valeurs statistiques.
Nous commencerons par présenter dans un tableau les notes obtenues au pré-test par chacun des sujets. Une fois les données
recueillies et présentées sous forme de tableaux, le travail d’analyse commence par le calcul d’un nombre qui puisse résumer à lui seul
l’ensemble des données. Il s’agit de dégager la tendance centrale de l’échantillon. Cette valeur centrale donne une idée synthétique sur
le niveau général des sujets. Elle nous servira aussi d’outil de comparaison entre l’avant et l’après film. Nous présenterons ensuite les
notes obtenues par les sujets lors du second test de vocabulaire. Nous en calculerons également la moyenne et nous procéderons par
la suite à une comparaison des deux moyennes.
Une simple comparaison des moyennes des notes obtenues par les sujets avant et après la diffusion des films reste cependant largement
insuffisante pour vérifier l’hypothèse selon laquelle le sous-titrage favoriserait l’acquisition du vocabulaire bamoun. Nous avons opté
pour le T-test, l’un des plus connus et des plus utilisés ; et le test ANOVA. Par ailleurs, nous devrons procéder au calcul de la valeur de
Pearson ou valeur p. Elle représente la probabilité ou le risque de commettre une erreur en affirmant qu’il existe une relation entre les deux
variables. C’est cette valeur qui permet de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse statistique, et partant, l’hypothèse de recherche. Pour
conclure à la présence d’un lien entre les variables, la valeur p doit être inférieure à 0,05, soit inférieure à 5%.
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