Page 100 - Translation Journal July 2015
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Les résultats obtenus par les sujets de notre étude aux différents tests ainsi présentés, nous pouvons affirmer avec certitude que les
performances ont connu une amélioration notable.
• Les tests t que nous avons employés, de même que les calculs de corrélation, vont nous aider à répondre à cette question. Dans
cette recherche, nous avons comparé les notes obtenues par un groupe de sujets avant et après le visionnage d’un film en bamoun
sous-titré en français. L’analyse des données présentées plus haut révèle que les notes des sujets ont connu une nette amélioration
après le visionnage du corpus.
• Les résultats du test t viennent renforcer cette assertion (t = - 4,705 [dl = 16, p = 0,00]). Les résultats sont statistiquement significatifs
car la valeur de p ici est bien moins inférieure à 0,05; elle est même nulle (0,000). Cette valeur vient démontrer que la différence
observée entre les notes du pré-test et du post-test ne relève pas d’un fait du hasard. Elle est effectivement liée au visionnage du film.
• Le calcul de la valeur p au moyen d’un test ANOVA (one-way Analysis of Variance) ou F-test entre les notes des pré- et post-tests et
la différence pré-test – post-test vient corroborer nos propos (F = 11,094 [dl = 50, p = 0,000]).
Au vu de ces preuves statistiques, nous pouvons affirmer avec un degré de confiance de 95 % que le visionnage du film sous-titré
a permis aux sujets de notre étude d’améliorer leurs performances lors du post-test, nous permettant ainsi de confirmer l’hypothèse
centrale de notre travail de recherche: le sous-titrage permet l’acquisition de compétences en vocabulaire dans une langue étrangère.
Par ce processus d’acquisition d’une langue nationale, nous avons démontré que le sous-titrage constitue une autre voie de recours
dans la résolution du problème de revalorisation et de promotion des langues identitaires au Cameroun.
En outre, nous avons pu faire des observations qu’il est pertinent de relever. Les sujets de notre étude étaient tous, rappelons-le, des
non locuteurs natifs du bamoun. Notre échantillon était constitué d’individus venus d’horizons divers et s’exprimant avec plus ou moins
d’aisance dans différentes langues camerounaises. Ainsi, nous avons travaillé avec treize ressortissants de la région du Centre, dont
deux locuteurs du basaa, sept de l’ewondo, trois du banen, un du gounou. Nous avons également travaillé avec cinq ressortissants de
la région de l’Ouest, notamment un locuteur du yemba, trois du ghomala, et un du fe’fe’. Figurait, par ailleurs, dans notre échantillon un
locuteur du lamnso (Nord-ouest). Les notes obtenues par chacun des sujets au pré-test sont fonction de leur province d’origine, de la
langue locale qu’ils parlent et du niveau de maîtrise de celle-ci. En effet, les ressortissants de la région des grassfields ont obtenu des
notes supérieures à la moyenne (05,26). Il s’agit des sujets N° 1, 11, 12 et 17 qui ont obtenu respectivement 08, 08,5, 13, 06,5. Ces
sujets ont affirmé avoir une bonne maîtrise de la langue parlée dans la région d’origine. Le sujet N° 2, l’une des ressortissantes de la
région des grassfields a obtenu 02,5. Cette note, inférieure à la moyenne peut se justifier par le fait qu’elle possède une faible maîtrise de
la langue autochtone de sa province d’origine. Par ailleurs, tous les autres participants à cette expérience, originaires des autres régions
du pays ont obtenu des notes inférieures à la moyenne lors du pré-test. Il importe tout de même de noter que les paramètres région
d’origine et langue locale parlée des sujets n’ont eu aucune influence sur leurs performances dans la section 2 du test de vocabulaire. Ils
ne possédaient aucune aptitude communicationnelle au début de l’expérience. Autrement dit, aucun d’entre eux ne pouvait dire bonjour,
merci ou encore non en langue bamoun.
Lors du post-test, les performances de tous les sujets ont connu des améliorations, même si celles des sujets non originaires de la zone
des grassfields sont beaucoup plus notables. Cependant, l’exercice où les sujets se sont le plus illustrés lors de ce post-test reste la
section «aptitudes communicationnelles». Ils ont appris du film comment dire bonjour, salut, non, oui, merci, bienvenue, en bamoun. Au
terme de l’expérience, tous les sujets savaient au moins comment se dit bonjour en bamoun, ce qui n’était pas le cas au début. Cette
observation dénote qu’il y a eu acquisition de compétence linguistique en bamoun et notre hypothèse est une fois de plus vérifiée.
Au vu des différentes mesures mises en œuvre dans le cadre de la promotion et de la revalorisation des langues locales au Cameroun,
nous avons émis l’hypothèse selon laquelle le sous-titrage pourrait aider dans cette lutte à travers son caractère didactique. Le problème
des langues autochtones au Cameroun est celui de la transmission intergénérationnelle (Bitja’a Kody, 2001) et leur faible valeur sociale
(Tanda & Tabah, 2005), nous avons pensé que le sous-titrage, reconnu pour sa valeur didactique (Ivarsson & Carroll, 1998), constituerait
un moyen efficace de permettre la transmission intergénérationnelle des langues camerounaises. Par ailleurs, si l’on admet que la TAV en
général et le sous-titrage en particulier sont des domaines qui englobent à la fois l’industrie du film et la traduction, il n’est pas impossible
que le sous-titrage des films en langues camerounaises permette également un regain d’intérêt dans ces langues jugées inutiles parce
qu’elles revêtiraient désormais un caractère lucratif pour leurs locuteurs.
L’analyse des données nous a révélé que les différences observées dans les notes obtenues par les sujets ayant pris part à notre
expérience, ainsi que les moyennes générales des pré- et post-tests ne sont pas un fait du hasard. Tout au contraire, elles sont liées au
visionnage du film sous-titré. L’hypothèse de recherche qui sous-tend ce travail a donc été confirmée. La raison d’être de ce phénomène
est simple. La langue étrangère (dans notre cas le bamoun) est écoutée tandis que la traduction est lue dans les sous-titres. Les sujets
ont donc pu capter quelques mots de la L2. Les sujets, lorsqu’ils visionnent, écoutent de manière inconsciente les mots dits dans la
L2; ils peuvent en lire la traduction grâce aux sous-titres; et l’apprentissage semble être facilité par les images qui aident à obtenir la
signification et parfois le sens des mots de la L2 (Koolstra et al., 2002).
Les participants ont certes été capables de capter la signification des mots qu’ils entendaient dans une langue qui ne leur est pas du tout
familière pour la plupart. Des recherches antérieures (Ayonghe, 2009; d’Ydewalle et Pavakanun, 1995, 1997) ont démontré l’acquisition
de vocabulaire en anglais, une langue de plus large diffusion. Force est de constater que dans les mêmes conditions, le sous-titrage
permet d’apprendre des langues connues et développées tout comme ces langues minoritaires à l’instar du bamoun.
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performances ont connu une amélioration notable.
• Les tests t que nous avons employés, de même que les calculs de corrélation, vont nous aider à répondre à cette question. Dans
cette recherche, nous avons comparé les notes obtenues par un groupe de sujets avant et après le visionnage d’un film en bamoun
sous-titré en français. L’analyse des données présentées plus haut révèle que les notes des sujets ont connu une nette amélioration
après le visionnage du corpus.
• Les résultats du test t viennent renforcer cette assertion (t = - 4,705 [dl = 16, p = 0,00]). Les résultats sont statistiquement significatifs
car la valeur de p ici est bien moins inférieure à 0,05; elle est même nulle (0,000). Cette valeur vient démontrer que la différence
observée entre les notes du pré-test et du post-test ne relève pas d’un fait du hasard. Elle est effectivement liée au visionnage du film.
• Le calcul de la valeur p au moyen d’un test ANOVA (one-way Analysis of Variance) ou F-test entre les notes des pré- et post-tests et
la différence pré-test – post-test vient corroborer nos propos (F = 11,094 [dl = 50, p = 0,000]).
Au vu de ces preuves statistiques, nous pouvons affirmer avec un degré de confiance de 95 % que le visionnage du film sous-titré
a permis aux sujets de notre étude d’améliorer leurs performances lors du post-test, nous permettant ainsi de confirmer l’hypothèse
centrale de notre travail de recherche: le sous-titrage permet l’acquisition de compétences en vocabulaire dans une langue étrangère.
Par ce processus d’acquisition d’une langue nationale, nous avons démontré que le sous-titrage constitue une autre voie de recours
dans la résolution du problème de revalorisation et de promotion des langues identitaires au Cameroun.
En outre, nous avons pu faire des observations qu’il est pertinent de relever. Les sujets de notre étude étaient tous, rappelons-le, des
non locuteurs natifs du bamoun. Notre échantillon était constitué d’individus venus d’horizons divers et s’exprimant avec plus ou moins
d’aisance dans différentes langues camerounaises. Ainsi, nous avons travaillé avec treize ressortissants de la région du Centre, dont
deux locuteurs du basaa, sept de l’ewondo, trois du banen, un du gounou. Nous avons également travaillé avec cinq ressortissants de
la région de l’Ouest, notamment un locuteur du yemba, trois du ghomala, et un du fe’fe’. Figurait, par ailleurs, dans notre échantillon un
locuteur du lamnso (Nord-ouest). Les notes obtenues par chacun des sujets au pré-test sont fonction de leur province d’origine, de la
langue locale qu’ils parlent et du niveau de maîtrise de celle-ci. En effet, les ressortissants de la région des grassfields ont obtenu des
notes supérieures à la moyenne (05,26). Il s’agit des sujets N° 1, 11, 12 et 17 qui ont obtenu respectivement 08, 08,5, 13, 06,5. Ces
sujets ont affirmé avoir une bonne maîtrise de la langue parlée dans la région d’origine. Le sujet N° 2, l’une des ressortissantes de la
région des grassfields a obtenu 02,5. Cette note, inférieure à la moyenne peut se justifier par le fait qu’elle possède une faible maîtrise de
la langue autochtone de sa province d’origine. Par ailleurs, tous les autres participants à cette expérience, originaires des autres régions
du pays ont obtenu des notes inférieures à la moyenne lors du pré-test. Il importe tout de même de noter que les paramètres région
d’origine et langue locale parlée des sujets n’ont eu aucune influence sur leurs performances dans la section 2 du test de vocabulaire. Ils
ne possédaient aucune aptitude communicationnelle au début de l’expérience. Autrement dit, aucun d’entre eux ne pouvait dire bonjour,
merci ou encore non en langue bamoun.
Lors du post-test, les performances de tous les sujets ont connu des améliorations, même si celles des sujets non originaires de la zone
des grassfields sont beaucoup plus notables. Cependant, l’exercice où les sujets se sont le plus illustrés lors de ce post-test reste la
section «aptitudes communicationnelles». Ils ont appris du film comment dire bonjour, salut, non, oui, merci, bienvenue, en bamoun. Au
terme de l’expérience, tous les sujets savaient au moins comment se dit bonjour en bamoun, ce qui n’était pas le cas au début. Cette
observation dénote qu’il y a eu acquisition de compétence linguistique en bamoun et notre hypothèse est une fois de plus vérifiée.
Au vu des différentes mesures mises en œuvre dans le cadre de la promotion et de la revalorisation des langues locales au Cameroun,
nous avons émis l’hypothèse selon laquelle le sous-titrage pourrait aider dans cette lutte à travers son caractère didactique. Le problème
des langues autochtones au Cameroun est celui de la transmission intergénérationnelle (Bitja’a Kody, 2001) et leur faible valeur sociale
(Tanda & Tabah, 2005), nous avons pensé que le sous-titrage, reconnu pour sa valeur didactique (Ivarsson & Carroll, 1998), constituerait
un moyen efficace de permettre la transmission intergénérationnelle des langues camerounaises. Par ailleurs, si l’on admet que la TAV en
général et le sous-titrage en particulier sont des domaines qui englobent à la fois l’industrie du film et la traduction, il n’est pas impossible
que le sous-titrage des films en langues camerounaises permette également un regain d’intérêt dans ces langues jugées inutiles parce
qu’elles revêtiraient désormais un caractère lucratif pour leurs locuteurs.
L’analyse des données nous a révélé que les différences observées dans les notes obtenues par les sujets ayant pris part à notre
expérience, ainsi que les moyennes générales des pré- et post-tests ne sont pas un fait du hasard. Tout au contraire, elles sont liées au
visionnage du film sous-titré. L’hypothèse de recherche qui sous-tend ce travail a donc été confirmée. La raison d’être de ce phénomène
est simple. La langue étrangère (dans notre cas le bamoun) est écoutée tandis que la traduction est lue dans les sous-titres. Les sujets
ont donc pu capter quelques mots de la L2. Les sujets, lorsqu’ils visionnent, écoutent de manière inconsciente les mots dits dans la
L2; ils peuvent en lire la traduction grâce aux sous-titres; et l’apprentissage semble être facilité par les images qui aident à obtenir la
signification et parfois le sens des mots de la L2 (Koolstra et al., 2002).
Les participants ont certes été capables de capter la signification des mots qu’ils entendaient dans une langue qui ne leur est pas du tout
familière pour la plupart. Des recherches antérieures (Ayonghe, 2009; d’Ydewalle et Pavakanun, 1995, 1997) ont démontré l’acquisition
de vocabulaire en anglais, une langue de plus large diffusion. Force est de constater que dans les mêmes conditions, le sous-titrage
permet d’apprendre des langues connues et développées tout comme ces langues minoritaires à l’instar du bamoun.
100 | Translation Journal - July 2015