Page 96 - Translation Journal July 2015
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métique plus accessible. Par ailleurs, du fait de sa dimension multisémiotique (interaction entre dialogue, gestes, images, etc.), le
sous-titrage représente un moyen de transfert de connaissances et de cultures. Dans la mesure où les sous-titres ne modifient pas la
bande son, ils préservent mieux l’authenticité du rapport langue/culture. Le téléspectateur francophone, qui n’a aucune notion d’anglais,
par exemple, peut, grâce au sous-titrage, regarder un film tourné en anglais. Il est en contact avec la langue et la culture anglaises, mais
comprend le message du film. Le sous-titrage devient ainsi un exemple frappant de médiation interlinguistique et interculturelle et un
élément salutaire dans le processus de mondialisation.
3.2.2 Fonction didactique du sous-titrage
Caimi (2006) démontre le potentiel du sous-titrage intralingual uniquement, en vantant les mérites de ce type, car il favorise le contact
avec la langue et exprime de manière plus simplifiée des énoncés plus ou moins complexes. L’enseignement d’une seconde langue
se trouve facilité grâce à l’utilisation du sous-titrage intralingual (Caimi, 2006; Diaz Cintas et Fernandez, 2008). Les apprenants, grâce
au sous-titrage intralingual, réussissent à surmonter la difficulté des accents et de l’écoute des dialogues des acteurs dans une langue
qui leur est étrangère. De plus, regarder régulièrement des programmes télévisés sous-titrés permet d’agrandir son vocabulaire (Caimi,
2006).
D’autres auteurs relèvent les avantages du sous-titrage interlingual. C’est le cas de Ivarsson et Carroll (1998) qui affirment que dans
plusieurs pays, les sous-titres sont utilisés pour revaloriser et enseigner les langues minoritaires, promouvoir les langues maternelles et
enseigner les langues officielles et étrangères d’un pays, ce qui est révélatrice du fort potentiel didactique retrouvé dans le sous-titrage.
Dans un contexte multilingue comme celui du Cameroun, qui compte 279 langues nationales (Grimes, 2000), la diffusion de programmes
télévisés sous-titrés pourrait s’avérer salutaire. Ayonghe et al. (2009), s’inscrit elle aussi dans la même lancée que les auteurs précédents
en affirmant que les sous-titres aident à améliorer les aptitudes linguistiques (écoute, compréhension et enrichissement du vocabulaire)
des étudiants de l’Anglais comme seconde langue.
De nos jours, les média audiovisuels jouent un rôle linguistique prépondérant, comme ce fut le cas de l’école, des journaux et des livres
dans le passé (Gambier, 2004). Regarder des programmes sous-titrés est pareil à lire la télévision (90 minutes de film sous-titré chaque
jour équivalent à 200 pages de roman chaque mois). Un autre paramètre important qu’il est nécessaire de relever est la place de choix
occupée par la télévision dans la vie quotidienne à l’heure actuelle. En Europe, par exemple, un téléspectateur regarde la télévision trois
heures par jour, en moyenne (Gambier, 2006). Grâce à un usage judicieux de ce temps, le téléspectateur pourra apprendre d’autres
langues par immersion. Ainsi, le célèbre «je corrige les mœurs en riant» sera transformé en «j’apprends de nouveaux mots dans une
langue étrangère en me divertissant».
Toujours pour relever le rôle primordial que joue le sous-titrage dans l’acquisition passive du langage, Danan (2004) soutient que le
sous-titrage constitue un puissant moyen pédagogique pouvant améliorer les aptitudes en compréhension orale des apprenants en
langue seconde. D’une part, le sous-titrage intralinguistique, soutient-elle, facilite l’apprentissage grâce au métalangage. D’autre part, les
sous-titres interlinguistiques aident à augmenter les capacités de compréhension. Danan (2004) voit en les multimédias une opportunité
d’envisager de nouvelles stratégies d’acquisition.
Van de Poel et d’Ydewalle (1999) soutiennent que l’acquisition du langage grâce au sous-titrage interlinguistique est très souvent fortuite.
Cet état des choses s’explique car il est possible qu’un grand nombre de téléspectateurs, surtout ceux des pays où le sous-titrage
constitue la norme, apprennent la langue entendue dans les films sous-titrés sans effort conscient. d’Ydewalle et Pavakanun (1997)
abondent dans le même sens en affirmant qu’en Belgique, nombreux sont les enfants qui sont à mesure de s’exprimer et de comprendre
quelques mots d’anglais avant même de commencer à apprendre la langue à l’école, certainement grâce à leur exposition fréquente
aux programmes en anglais sous-titrés diffusés sur leurs petits écrans. Les adultes, quant à eux, considèrent le sous-titrage comme une
main tendue qui les aide à apprendre ou à asseoir leur connaissance d’une langue étrangère. Un tel niveau a pu être atteint dans les pays
pro-sous-titrage. Un exemple qui confirme cette hypothèse est apporté par Danan (2004).
Au vu de tout ce qui précède, il est judicieux d’affirmer sans risque de se tromper que le sous-titrage constitue un instrument pédagogique
d’envergure dont l’importance est avérée.
4. Méthodologie
4.1 Presentation du film
Mâh Saah-Sah est un film camerounais du réalisateur Daniel Kamwa sorti en 2008. Sa durée est estimée à 91 mn, soit 1h 31 mn. Il a
été produit par Coconut Dream et DK7-Communications. Le film est tourné en bamoun et sous-titré en plusieurs langues européennes:
anglais, français, allemand, italien, portugais, espagnol et russe. Il en existe deux versions: la version sous-titrée et la version doublée
(en français). Pour ce travail, nous nous sommes servis de la version sous-titrée en français du film. L’action dans le film se déroule au
Cameroun, plus précisément en pays bamoun. Nchare est âgé de 16 ans à la mort de son père. Il est recueilli par son oncle Achirou et
débarque alors dans un nouveau village. Dès son arrivée, il croise le regard d’une jeune adolescente de 14 ans nommée Mapon. C’est
le déclic de l’amour réciproque. Devenu adulte et sculpteur sur bronze, formé par son oncle, Nchare veut mériter d’être le fiancé officiel
de Mapon, mais une rumeur plane sur le doute de sa circoncision. Pour ce faire, il doit rivaliser avec les autres prétendants au cours du
rituel périodique de la danse de séduction, sous les yeux témoins de tous les villageois, et en présence de «Nji-Mâh’Nkam», le grand
dignitaire du village.
Le jeune Nchare réussit à gagner officiellement le cœur de Mapon et devient son fiancé. Peu de temps après la célébration de leurs
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sous-titrage représente un moyen de transfert de connaissances et de cultures. Dans la mesure où les sous-titres ne modifient pas la
bande son, ils préservent mieux l’authenticité du rapport langue/culture. Le téléspectateur francophone, qui n’a aucune notion d’anglais,
par exemple, peut, grâce au sous-titrage, regarder un film tourné en anglais. Il est en contact avec la langue et la culture anglaises, mais
comprend le message du film. Le sous-titrage devient ainsi un exemple frappant de médiation interlinguistique et interculturelle et un
élément salutaire dans le processus de mondialisation.
3.2.2 Fonction didactique du sous-titrage
Caimi (2006) démontre le potentiel du sous-titrage intralingual uniquement, en vantant les mérites de ce type, car il favorise le contact
avec la langue et exprime de manière plus simplifiée des énoncés plus ou moins complexes. L’enseignement d’une seconde langue
se trouve facilité grâce à l’utilisation du sous-titrage intralingual (Caimi, 2006; Diaz Cintas et Fernandez, 2008). Les apprenants, grâce
au sous-titrage intralingual, réussissent à surmonter la difficulté des accents et de l’écoute des dialogues des acteurs dans une langue
qui leur est étrangère. De plus, regarder régulièrement des programmes télévisés sous-titrés permet d’agrandir son vocabulaire (Caimi,
2006).
D’autres auteurs relèvent les avantages du sous-titrage interlingual. C’est le cas de Ivarsson et Carroll (1998) qui affirment que dans
plusieurs pays, les sous-titres sont utilisés pour revaloriser et enseigner les langues minoritaires, promouvoir les langues maternelles et
enseigner les langues officielles et étrangères d’un pays, ce qui est révélatrice du fort potentiel didactique retrouvé dans le sous-titrage.
Dans un contexte multilingue comme celui du Cameroun, qui compte 279 langues nationales (Grimes, 2000), la diffusion de programmes
télévisés sous-titrés pourrait s’avérer salutaire. Ayonghe et al. (2009), s’inscrit elle aussi dans la même lancée que les auteurs précédents
en affirmant que les sous-titres aident à améliorer les aptitudes linguistiques (écoute, compréhension et enrichissement du vocabulaire)
des étudiants de l’Anglais comme seconde langue.
De nos jours, les média audiovisuels jouent un rôle linguistique prépondérant, comme ce fut le cas de l’école, des journaux et des livres
dans le passé (Gambier, 2004). Regarder des programmes sous-titrés est pareil à lire la télévision (90 minutes de film sous-titré chaque
jour équivalent à 200 pages de roman chaque mois). Un autre paramètre important qu’il est nécessaire de relever est la place de choix
occupée par la télévision dans la vie quotidienne à l’heure actuelle. En Europe, par exemple, un téléspectateur regarde la télévision trois
heures par jour, en moyenne (Gambier, 2006). Grâce à un usage judicieux de ce temps, le téléspectateur pourra apprendre d’autres
langues par immersion. Ainsi, le célèbre «je corrige les mœurs en riant» sera transformé en «j’apprends de nouveaux mots dans une
langue étrangère en me divertissant».
Toujours pour relever le rôle primordial que joue le sous-titrage dans l’acquisition passive du langage, Danan (2004) soutient que le
sous-titrage constitue un puissant moyen pédagogique pouvant améliorer les aptitudes en compréhension orale des apprenants en
langue seconde. D’une part, le sous-titrage intralinguistique, soutient-elle, facilite l’apprentissage grâce au métalangage. D’autre part, les
sous-titres interlinguistiques aident à augmenter les capacités de compréhension. Danan (2004) voit en les multimédias une opportunité
d’envisager de nouvelles stratégies d’acquisition.
Van de Poel et d’Ydewalle (1999) soutiennent que l’acquisition du langage grâce au sous-titrage interlinguistique est très souvent fortuite.
Cet état des choses s’explique car il est possible qu’un grand nombre de téléspectateurs, surtout ceux des pays où le sous-titrage
constitue la norme, apprennent la langue entendue dans les films sous-titrés sans effort conscient. d’Ydewalle et Pavakanun (1997)
abondent dans le même sens en affirmant qu’en Belgique, nombreux sont les enfants qui sont à mesure de s’exprimer et de comprendre
quelques mots d’anglais avant même de commencer à apprendre la langue à l’école, certainement grâce à leur exposition fréquente
aux programmes en anglais sous-titrés diffusés sur leurs petits écrans. Les adultes, quant à eux, considèrent le sous-titrage comme une
main tendue qui les aide à apprendre ou à asseoir leur connaissance d’une langue étrangère. Un tel niveau a pu être atteint dans les pays
pro-sous-titrage. Un exemple qui confirme cette hypothèse est apporté par Danan (2004).
Au vu de tout ce qui précède, il est judicieux d’affirmer sans risque de se tromper que le sous-titrage constitue un instrument pédagogique
d’envergure dont l’importance est avérée.
4. Méthodologie
4.1 Presentation du film
Mâh Saah-Sah est un film camerounais du réalisateur Daniel Kamwa sorti en 2008. Sa durée est estimée à 91 mn, soit 1h 31 mn. Il a
été produit par Coconut Dream et DK7-Communications. Le film est tourné en bamoun et sous-titré en plusieurs langues européennes:
anglais, français, allemand, italien, portugais, espagnol et russe. Il en existe deux versions: la version sous-titrée et la version doublée
(en français). Pour ce travail, nous nous sommes servis de la version sous-titrée en français du film. L’action dans le film se déroule au
Cameroun, plus précisément en pays bamoun. Nchare est âgé de 16 ans à la mort de son père. Il est recueilli par son oncle Achirou et
débarque alors dans un nouveau village. Dès son arrivée, il croise le regard d’une jeune adolescente de 14 ans nommée Mapon. C’est
le déclic de l’amour réciproque. Devenu adulte et sculpteur sur bronze, formé par son oncle, Nchare veut mériter d’être le fiancé officiel
de Mapon, mais une rumeur plane sur le doute de sa circoncision. Pour ce faire, il doit rivaliser avec les autres prétendants au cours du
rituel périodique de la danse de séduction, sous les yeux témoins de tous les villageois, et en présence de «Nji-Mâh’Nkam», le grand
dignitaire du village.
Le jeune Nchare réussit à gagner officiellement le cœur de Mapon et devient son fiancé. Peu de temps après la célébration de leurs
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