Page 97 - Translation Journal July 2015
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nçailles dans le respect des traditions locales, Nchoutpouen, la mère de Mapon accouche de son quatrième enfant à l’église, pendant la
messe du dimanche. Une cérémonie est, par la suite, organisée afin de présenter l’enfant nouveau-né au village. Mais voilà que cet enfant
tombe très vite malade, entraînant Moumpain, le père, à accepter le soutien financier d’un généreux homme d’affaires du nom de Moluh.
Ce dernier ne tarde pas à jeter son dévolu sur Mapon pour en faire sa quatrième épouse, et ce, malgré le refus de la jeune fille. Il devient
ainsi un inattendu rival pour Nchare. S’en suivent alors une série de machinations visant à mettre le jeune homme hors d’état de nuire
et lui arracher sa fiancée. Celui-ci ne se laisse pas faire pour autant. Il se bat bec et ongle pour préserver son bien. Malheureusement, le
riche Moluh use de subterfuges et de son influence pour faire incarcérer Nchare. Cependant, par un heureux concours de circonstances,
la lumière est faite sur l’affaire et le jeune est libéré. Il se précipite donc à la mairie où Mapon est sur le point de signer l’acte de mariage
avec Moluh, l’arrache des griffes de celui-ci et l’emmène avec lui. Justice est faite et vive l’amour!
Afin de vérifier notre hypothèse, nous avons choisi de mener une étude expérimentale. Nous avons donc dû constituer un échantillon de
la population qui a été sélectionné en fonction de divers critères qui seront présentés dans la suite de ce chapitre.
4.2 La langue bamoun
Notre choix s’est porté sur la langue bamoun, langue qui nous est étrangère mais qui s’est presque imposée à nous car c’est le seul
corpus, mettant en scène des acteurs locuteurs natifs du bamoun et alliant à la fois culture et humour, mis à notre disposition. Avec une
superficie de 7 700 km² environ et 820 000 habitants, le pays bamoun (département du Noun) est un vaste territoire situé dans la région
de l’Ouest Cameroun. L’administration camerounaise après l’indépendance de 1960, donna le nom du Noun à l’ensemble du royaume
bamoun, celui-ci devint donc un département territorial dont le chef-lieu est Foumban, la ville la plus importante du territoire. Ce vaste
département forme une unité géographique, communautaire, linguistique et culturelle.
Le peuple bamoun est présent sur un seul et unique territoire, parlant la même langue et ayant les mêmes coutumes et est l’un des
peuples d’Afrique subsaharienne à avoir développé une écriture. Cette écriture fut inventée par le roi Njoya au début du XXe siècle.
En 1907, des missionnaires européens découvrent que le jeune roi Njoya, roi des Bamouns, a créé une écriture. L’écriture royale (ou
écriture bamoun), qui comptait au départ plus de 500 signes, connaîtra plusieurs évolutions jusqu’en 1918. Le roi Njoya bâtit une école
afin d’encourager l’usage de ce système d’écriture. La simplification, et notamment, la réduction du nombre de signes à 80 caractères,
assura une meilleure diffusion de l’écriture et amena l’augmentation des textes rédigés avec l’écriture royale, qui était enseignée dans
les écoles. Néanmoins, l’arrivée des Français sonna la fin de la monarchie et de la langue bamoun qui fut remplacée par la langue
française. La langue bamoun est parlée dans la région de l’Ouest Cameroun, essentiellement dans le département du Noun, à Foumban;
à l’extrême nord du département de la Mifi; et au sud-est du département des Bamboutos (Lewis, 2009). Le bamoun peut également
être appelé bamoum, bamun, bamum ou shupamem.
4.3 Nombre de sujets
Le nombre de sujets ayant effectivement pris part à l’étude est de 17 dont les âges varient de 14 à 30 ans. Ils sont en grande majorité
titulaires, au moins, de la licence. Ce travail n’a pris en compte que quelques facteurs: le niveau d’éducation, l’âge et le background
linguistique. Il importe tout de même de noter que le facteur disponibilité a été crucial dans la constitution de cet échantillon. Il est vrai
que la taille de notre échantillon est relativement réduite. Il importe cependant de souligner que les méthodes d’analyse des données dont
nous ferons usage sont destinées à valider les résultats obtenus, malgré l’effectif réduit de notre échantillon.
Notre choix s’est porté sur cette frange de la population parce qu’elle est la principale en cause dans le problème d’extinction des
langues locales, car elle les délaisse au profit des langues européennes ou des langues véhiculaires, comme il a été démontré par Bitjaa
Kody (2001), dans une enquête quantitative sur la dynamique des langues à Yaoundé. Selon les résultats de cette enquête, les jeunes de
10 à 17 ans interrogés dans les mêmes ménages déclarent qu’ils utilisent le français à 70% dans les mêmes situations de communication
familiale contre 25% de temps d’utilisation des langues familiales potentielles. D’autre part, 32% des jeunes de 10 à 17 ans interrogés
dans la ville de Yaoundé ne parlent aucune langue camerounaise et ont le français comme seule et unique langue de communication.
Et le pire est que, comme l’affirme Bitjaa Kody (2001), «cette population non locutrice des langues camerounaises croîtra de manière
exponentielle à la prochaine génération, car les jeunes qui ne parlent pas les langues locales actuellement ne pourront pas les transmettre
à leur progéniture». Ainsi, cette frange de la population représente la solution à ce problème car les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes
de demain. Réveiller cet intérêt chez eux revient à garantir la pérennité desdites langues.
Plusieurs auteurs ont relevé les différences dans le processus d’acquisition du langage entre les enfants et les adultes. Ils s’accordent
tous sur un fait: les enfants réussissent, plus aisément que les adultes, à apprendre une langue par le contact avec celle-ci même dans un
cadre informel (d’Ydewalle, 2002). Notre travail a pour objectif de démontrer que l’acquisition du vocabulaire au moyen de programmes
en langues locales sous-titrés en français est effective aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
Le plus jeune sujet est âgé de 14 ans et le plus âgé, de 30 ans. L’âge moyen de l’échantillon est de 23 ans. En ce qui concerne le sexe
des sujets, nous avons travaillé avec cinq (5) sujets de sexe masculin et douze (12) du sexe opposé, soit 29,4% et 70,6% respectivement.
Les niveaux d’éducation varient du First School Living Certificate (FSLC) au Master.
4.4 Situation linguistique des sujets
Etant donné que le présent travail est concerné par le sous-titrage standard et interlingual, c’est-à-dire le sous-titrage bamoun-français,
nous avons constitué un échantillon essentiellement francophone. Il convient à ce niveau de noter que le terme «francophone» revêt
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messe du dimanche. Une cérémonie est, par la suite, organisée afin de présenter l’enfant nouveau-né au village. Mais voilà que cet enfant
tombe très vite malade, entraînant Moumpain, le père, à accepter le soutien financier d’un généreux homme d’affaires du nom de Moluh.
Ce dernier ne tarde pas à jeter son dévolu sur Mapon pour en faire sa quatrième épouse, et ce, malgré le refus de la jeune fille. Il devient
ainsi un inattendu rival pour Nchare. S’en suivent alors une série de machinations visant à mettre le jeune homme hors d’état de nuire
et lui arracher sa fiancée. Celui-ci ne se laisse pas faire pour autant. Il se bat bec et ongle pour préserver son bien. Malheureusement, le
riche Moluh use de subterfuges et de son influence pour faire incarcérer Nchare. Cependant, par un heureux concours de circonstances,
la lumière est faite sur l’affaire et le jeune est libéré. Il se précipite donc à la mairie où Mapon est sur le point de signer l’acte de mariage
avec Moluh, l’arrache des griffes de celui-ci et l’emmène avec lui. Justice est faite et vive l’amour!
Afin de vérifier notre hypothèse, nous avons choisi de mener une étude expérimentale. Nous avons donc dû constituer un échantillon de
la population qui a été sélectionné en fonction de divers critères qui seront présentés dans la suite de ce chapitre.
4.2 La langue bamoun
Notre choix s’est porté sur la langue bamoun, langue qui nous est étrangère mais qui s’est presque imposée à nous car c’est le seul
corpus, mettant en scène des acteurs locuteurs natifs du bamoun et alliant à la fois culture et humour, mis à notre disposition. Avec une
superficie de 7 700 km² environ et 820 000 habitants, le pays bamoun (département du Noun) est un vaste territoire situé dans la région
de l’Ouest Cameroun. L’administration camerounaise après l’indépendance de 1960, donna le nom du Noun à l’ensemble du royaume
bamoun, celui-ci devint donc un département territorial dont le chef-lieu est Foumban, la ville la plus importante du territoire. Ce vaste
département forme une unité géographique, communautaire, linguistique et culturelle.
Le peuple bamoun est présent sur un seul et unique territoire, parlant la même langue et ayant les mêmes coutumes et est l’un des
peuples d’Afrique subsaharienne à avoir développé une écriture. Cette écriture fut inventée par le roi Njoya au début du XXe siècle.
En 1907, des missionnaires européens découvrent que le jeune roi Njoya, roi des Bamouns, a créé une écriture. L’écriture royale (ou
écriture bamoun), qui comptait au départ plus de 500 signes, connaîtra plusieurs évolutions jusqu’en 1918. Le roi Njoya bâtit une école
afin d’encourager l’usage de ce système d’écriture. La simplification, et notamment, la réduction du nombre de signes à 80 caractères,
assura une meilleure diffusion de l’écriture et amena l’augmentation des textes rédigés avec l’écriture royale, qui était enseignée dans
les écoles. Néanmoins, l’arrivée des Français sonna la fin de la monarchie et de la langue bamoun qui fut remplacée par la langue
française. La langue bamoun est parlée dans la région de l’Ouest Cameroun, essentiellement dans le département du Noun, à Foumban;
à l’extrême nord du département de la Mifi; et au sud-est du département des Bamboutos (Lewis, 2009). Le bamoun peut également
être appelé bamoum, bamun, bamum ou shupamem.
4.3 Nombre de sujets
Le nombre de sujets ayant effectivement pris part à l’étude est de 17 dont les âges varient de 14 à 30 ans. Ils sont en grande majorité
titulaires, au moins, de la licence. Ce travail n’a pris en compte que quelques facteurs: le niveau d’éducation, l’âge et le background
linguistique. Il importe tout de même de noter que le facteur disponibilité a été crucial dans la constitution de cet échantillon. Il est vrai
que la taille de notre échantillon est relativement réduite. Il importe cependant de souligner que les méthodes d’analyse des données dont
nous ferons usage sont destinées à valider les résultats obtenus, malgré l’effectif réduit de notre échantillon.
Notre choix s’est porté sur cette frange de la population parce qu’elle est la principale en cause dans le problème d’extinction des
langues locales, car elle les délaisse au profit des langues européennes ou des langues véhiculaires, comme il a été démontré par Bitjaa
Kody (2001), dans une enquête quantitative sur la dynamique des langues à Yaoundé. Selon les résultats de cette enquête, les jeunes de
10 à 17 ans interrogés dans les mêmes ménages déclarent qu’ils utilisent le français à 70% dans les mêmes situations de communication
familiale contre 25% de temps d’utilisation des langues familiales potentielles. D’autre part, 32% des jeunes de 10 à 17 ans interrogés
dans la ville de Yaoundé ne parlent aucune langue camerounaise et ont le français comme seule et unique langue de communication.
Et le pire est que, comme l’affirme Bitjaa Kody (2001), «cette population non locutrice des langues camerounaises croîtra de manière
exponentielle à la prochaine génération, car les jeunes qui ne parlent pas les langues locales actuellement ne pourront pas les transmettre
à leur progéniture». Ainsi, cette frange de la population représente la solution à ce problème car les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes
de demain. Réveiller cet intérêt chez eux revient à garantir la pérennité desdites langues.
Plusieurs auteurs ont relevé les différences dans le processus d’acquisition du langage entre les enfants et les adultes. Ils s’accordent
tous sur un fait: les enfants réussissent, plus aisément que les adultes, à apprendre une langue par le contact avec celle-ci même dans un
cadre informel (d’Ydewalle, 2002). Notre travail a pour objectif de démontrer que l’acquisition du vocabulaire au moyen de programmes
en langues locales sous-titrés en français est effective aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
Le plus jeune sujet est âgé de 14 ans et le plus âgé, de 30 ans. L’âge moyen de l’échantillon est de 23 ans. En ce qui concerne le sexe
des sujets, nous avons travaillé avec cinq (5) sujets de sexe masculin et douze (12) du sexe opposé, soit 29,4% et 70,6% respectivement.
Les niveaux d’éducation varient du First School Living Certificate (FSLC) au Master.
4.4 Situation linguistique des sujets
Etant donné que le présent travail est concerné par le sous-titrage standard et interlingual, c’est-à-dire le sous-titrage bamoun-français,
nous avons constitué un échantillon essentiellement francophone. Il convient à ce niveau de noter que le terme «francophone» revêt
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