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Résumé
Il y’a deux ou trois décennies de cela, l'on pouvait facilement compter sur les doigts de la main, le nombre restreint d'enseignants dans les départements de français des universités nigérianes. En revanche, aujourd'hui, grâce aux divers facteurs dont le nouvel essor que prend l'apprentissage de la langue française au Nigeria, le nombre de jadis se voit multiplié si bien qu'on n'a plus peur de la survie du français en tant que matière à part entière dans nos facultés. Néanmoins, malgré le nombre croissant des professeurs dans nos départements de français, il sera intéressant de savoir quels sont les différents domaines de spécialité de ces derniers, à savoir, la littérature, la linguistique (générale/appliquée) ou la traduction et l'interprétariat. De surcroit, cela saute aux yeux que présentement, la plupart des professeurs titulaires et des docteurs (même des doctorants) dans nos départements de français sont du domaine de la littérature ou la langue, alors que ceux du domaine de la traduction/interprétariat sont très peu, d'ou le manque de formation adéquate voire professionnelle dans ce dernier domaine. Or l'ère de la mondialisation auquel nous assistons aujourd'hui met l'accent sur l'importance du rôle incontournable des interprètes et traducteurs dans les échanges mondiaux. Notre tâche dans cet article est donc à trois volets. Primo, présenter la problématique en l'occurrence, le manque, dans nos départements de français, de spécialistes de traduction et d'interprétariat. Secundo, identifier les causes et les conséquences (immédiates et futures) de cette grande lacune. Finalement, proposer les solutions possibles pour y remédier.Grosso modo, la question qui nous préoccupe dans cette étude est celle-ci: qui seront les spécialistes/professionnels de traduction/interprétariat de l'avenir dans nos universités au Nigeria ? La réponse obtenue est base sur la méthodologie choisie, celle du questionnaire. Mots clés : Spécialiste, professionnel, traduction, interprétariat, formation, manque
Introduction
« Un succès sans successeur n'est qu'un échec.»
-Anonyme
«We are presently facing a crisis of succession, because a large majority of those
who are actively engaged in translation and interpretation are well over 50 years old.»
Amosu, Tundonu (2006:37)
Nul ne doutera le fait que l'enseignement de la langue de Molière se voit bien enraciné comme le baobab dans le système éducatif nigérian surtout au niveau universitaire. Ceci est dû aux efforts inlassables de quelques « fore runners », pour emprunter le terme d’ Aboyé (2004), terme faisant allusion à des pionniers qui ont travaillé d'arrache-pied pour l'épanouissement des études françaises au Nigeria, et qui ont vaillamment oeuvré pour l'amener au stade où il est aujourd'hui.
Parmi ces pionniers, nous pouvons mentionner notamment les Professeurs Abiola Irele, Victor Aire, Martin Bestman, Femi Ojo-Ade, Samuel Ade Ojo, Emmanuel Kwofie, Ekundayo Simpson, Kester Echenim, Tunde Ajiboye, pour ne citer que ceux-là. Force est de signaler que ses érudits ont, à un moment donné dans le chronique des études françaises au Nigeria, établi les empreintes ineffaçables de leurs pas sur le sable de l'histoire. On peut dire alors qu'ils ont su écrire leurs noms en or, dans le cahier d'histoire du français au Nigeria.
Aujourd'hui, la plupart de ces érudits distingués à qui nous venons de faire référence plus haut sont déjà admis à la retraite, alors que d'autres sont sur le point de faire leurs adieux aux quatre murs de nos départements de français. Heureusement, certains de ces 'anciens combattants', pour ainsi parler, se sont reproduits en d'autres formidables érudits qui sont plus que capables de continuer la lutte intellectuelle là où les anciens se sont arrêtés. Cette reproduction est d'ailleurs beaucoup plus remarquable dans les domaines de spécialité telles que la littérature française, la littérature africaine d'expression française, la culture et la civilisation françaises, la linguistique générale/appliquée, etc. Hélas, comme l'a constaté Amos (2006 :37) dans la citation ci-dessus mise en exergue, les successeurs dans le domaine de la traduction et interprétariat se font très rares, et voila pourquoi nous avons décidé d'y apporter notre intérêt dans le présent article.
De surcroit, après avoir fait un survol de la situation actuelle vis-à-vis de la formation en traduction et interprétariat dans quelques pays du monde, notamment le Canada et la France, nous aimerions partir de l'hypothèse selon laquelle les études empiriques en traductologie (théorie et pratique de la traduction/interprétariat) sont en train de disparaitre dans beaucoup de nos départements de français (ou de langues étrangères comme les désignent certaines universités). Ceci devient évident par le fait que, depuis quelques années, les thèses de la maitrise et du doctorat préparées et soutenues dans nos départements sont, dans la plupart, à orientation littéraire et linguistique générale/appliquée, ou encore de la didactique du FLE, un aspect qui devient de plus en plus embrassé par les chercheurs nigérians.
Face à cette problématique qui est celle du manque de formation appropriée en traduction et en interprétariat dans la plupart de nos universités au Nigeria, nous allons tenter de rechercher ses causes (immédiates et lointaines), avant de voir ses effets néfastes sur le devenir des études
françaises (particulièrement les études en traduction et interprétariat) dans nos facultés. Pour clore nos réflexions sur ce sujet, nous allons essayer de proposer quelques mesures susceptibles de promouvoir ou rehausser la formation en traduction et en interprétariat dans les universités nigérianes, dans le but ultime de produire des futurs spécialistes/professionnels de ce domaine qui est non seulement indispensable, mais aussi, énormément lucratif et prestigieux.
Hypothèses
Dans le but d'atteindre notre objectif pour cette étude, nous nous sommes propose les hypothèses suivantes :
Ce sont la, les trois hypothèses menant a la question pointue que pose l'intitule de ce travail et a laquelle nous tenterions de trouver des éléments de réponse dans les lignes qui suivent.
Méthodologie
Afin de réaliser cette étude à bon escient, nous avons adopté une méthodologie de recherche basée sur un questionnaire administré auprès des départements de français de 17 universités nigérianes y compris le Village Français du Nigeria qui est un centre interuniversitaire d'études françaises placé sous la tutelle de la Commission Nationale chargée des Universités nigérianes (NUC). Précisons que ces universités enquêtées ont été sélectionnées de façon aléatoire, tout en tenant compte de la répartition géopolitique du pays, entre autres facteurs.
Les 17 universités, enquêtées en guise d'échantillon représentatif sont les suivantes:
Les informations obtenues de ces universités enquêtées ont été très révélatrices. Elles seraient présentées sous forme de tableau récapitulatif, suivi de quelques analyse ou commentaires afin de guider les lecteurs à formuler une opinion éclairée par rapport a la problématique soulevée dans cette étude.
Soulignons, d'emblée, que même s'il n'est plus a démontrer que nos départements de français offrent des cours de traduction aux niveaux 200 et 400 de la licence (Bariki 2000 :104); et que le Village Français du Nigeria donne également les cours de traduction (FLV 311/312) au niveau 300 de la licence, niveau entièrement consacré au programme d'immersion linguistique obligatoire, il n'y a pas à dire que la formation à ces niveaux ne suffirait aucunement pour que quelqu'un puisse prétendre être spécialiste ou professionnel d'un domaine aussi rigoureux et exigeant que la traduction et l'interprétariat.
Suivant cette logique, il convient de signaler ici que le contexte de la présente étude sera limité au cycle supérieur (niveaux de la maitrise et du doctorat) car, à notre humble avis, ce n'est qu'à partir de ces deux niveaux, et surtout du doctorat, que l'on pourrait se dire spécialiste ou professionnel dans une branche de connaissance quelconque.
Formation en traduction et interprétariat dans le monde : Une vue panoramique
La plupart des pays dits avancés aujourd'hui le sont grâce à l'importance qu'ils accordent à l'éducation de leur génération montante autrement appelée la jeunesse. Dans le même ordre d'idée, de tels pays ont vite compris le rôle important des interprètes et traducteurs pour la croissance de leur économie et l’amélioration des relations internationales. Voila pourquoi ces pays ont très tôt introduit les programmes axés sur la formation spécialisée ou professionnelle en traduction et en interprétariat dans leur cursus universitaire, notamment au niveau post licence. Par ailleurs, certains pays, notamment la France, le Canada, la Suisse, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, le Cameroun, le Ghana, etc. ont carrément établi des écoles de traducteurs et d'interprètes. Cependant, étant limités par le temps et l'espace dans le cadre de la présente étude, deux de ces pays, en l'occurrence le Canada et la France, retiendront notre attention particulière ici.
Au premier abord, le Canada, en tant qu'un pays constitutionnellement bilingue, est hautement réputé pour la riche formation en traduction et interprétariat qu'offrent beaucoup de ses universités. Aux dires d'Asobele (1ççç:32), la formation des traducteurs et interprètes a pris de l'ampleur au Canada avec la promulgation de la loi sur les langues officielles (anglais et français) en 1ç60. Aujourd'hui, l'Université de Laval et l'Université de Montréal situées toutes les deux au Québec sont reconnues comme le fer de lance s'agissant des études en traduction/interprétariat au Canada. Ces deux universités canadiennes pionnières sont dotées de programmes allant de la licence et de la maitrise jusqu'au doctorat en traduction/interprétariat. D'autres universités canadiennes ou la formation en traduction/interprétariat est très poussée sont les suivantes : Chicoutimi (Québec), Dalhousie (Nova Scotia), Carleton (Ottawa), Rimouski (Québec), Sherbrooke (Québec), Sudbury (Ontario), Whiterhorse (Yukon), Regina (Saskatchewan), etc.
Peut-être qu'il serait intéressant de rappeler ici que le doyen de la traduction et de l'interprétariat qui est réputé et respecté au Nigeria aujourd'hui, le Professeur Simpson Guy Ekundayo, est un ancien étudiant du Département de Langue, Linguistique et Traduction de l'Université Laval, Québec où il a soutenu en 1ç72, une thèse de doctorat intitulée « Samuel Beckett traducteur de lui-même: Aspects de bilinguisme littéraire », sous l'éminente direction de l'illustre gourou international de traduction/interprétariat, Jean Darbelnet. La thèse a été publiée par le Centre International de Recherche sur le Bilinguisme, Québec, en 1ç78.
Par ailleurs, la France est incontestablement un autre pays où la formation des traducteurs et interprètes est prise très au sérieux juste comme cela se doit. La première institution en France où cette formation est très reconnue avec un rayonnement international est sans doute l'ESIT (Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs). Fondée en 1ç57, l'ESIT est une école universitaire (rattachée a Université de Paris III) qui forme des interprètes de conférence, des traducteurs spécialisées, des interprètes en langue des signes et des chercheurs.
Aujourd'hui, l'ESIT compte à son actif, bon nombre de ses anciens étudiants, des traducteurs et interprètes très compétents et chevronnes, exerçant, que ce soit dans les universités ou dans les entreprises notamment les organisations internationales en Europe et partout dans le monde. Nous le jugeons apte de noter ici que certains des pionniers traducteurs professionnels nigérians ont eu la chance d'être formés à l'ESIT. Parmi eux, nous nous permettrons de mentionner feu Haruna Jacob (paix à son âme), ancien professeur à l'Université Ahmadu Bello, Zaria, avant de se retrouver finalement à la Commission de la CEDEAO, Abuja. Le docteur Jacob a brillament préparé une thèse intitulée "Propositions pour la création d'un séminaire de traduction dans un Département de langues modernes au Nigeria", soutenue à l'ESIT en 1ç8ç.
Formation en traduction et interprétariat au Nigeria : Etat des lieux
Force est de constater qu'aujourd'hui, le bilan de la formation spécialisée ou professionnelle en traduction/interprétariat dans nos universités est loin d'être impressionnant. La preuve? Tout juste comme nous l'avons signalé dans l'introduction, mis à part les quelques cours de traduction (cours de deux unités de valeur seulement) donnés aux étudiants de licence en deuxième, troisième et quatrième années, beaucoup de nos départements de français n'ont pas de programme de traduction ou d'interprétariat proprement dit au niveau de la maitrise ou du doctorat.
Une enquête que nous avons entreprise entre novembre et décembre 2012 a révélé ce pitoyable état des lieux. Les sujets enquêtés étaient composés d'un échantillon représentatif de 16 universités nigérianes y compris le Village Français du Nigeria. Les répondants de chacune des universités ont rempli un questionnaire visant a collecter les donnes sur le nombre d'universités nigérianes offrant le programme de maitrise et/ou de doctorat en traduction/interprétariat, ainsi bien que le nombre de professeurs de français avec leurs domaines de spécialité dans chaque département de français des universités sélectionnées.
En fin de compte, notre recherche a révèle que présentement, très peu d'universités offrent le programme de maitrise et/ou de doctorat en traduction. En ce qui concerne l'interprétariat, hormis le Village Français du Nigeria qui offre un programme de diplôme poste licence (PGD) en
Traduction et interprétariat (un programme qui est à revoir d'ailleurs), aucune université nigériane n'offre actuellement la formation en interprétariat, que ce soit au niveau de la maitrise ou du doctorat. Le tableau ci-après en dit long:
Tableau 1 : Disponibilité du programme de maitrise et du doctorat en traduction et en interprétariat dans quelques départements de français des universités nigérianes en date de Novembre 2012
Université |
Programme de Maitrise en traduction disponible ? |
Programme de Doctorat en traduction disponible ? |
Programme de Maitrise en Interprétariat disponible ? |
Programme de Doctorat en Interprétariat disponible ? |
UI |
Non |
Non |
Non |
Non |
OAU |
Non |
Non |
Non |
Non |
LASU |
Non |
Non |
Non |
Non |
UNIOSUN |
Non |
Non |
Non |
Non |
UNILAG |
Non |
Non |
Non |
Non |
UNILORIN |
Oui |
Non |
Non |
Non |
UNIBEN |
Oui |
Non |
Non |
Non |
DELSU |
Oui |
Non |
Non |
Non |
IMSU |
Non |
Non |
Non |
Non |
UNIUYO |
Non |
Non |
Non |
Non |
UNIPORT |
Oui |
Oui |
Non |
Non |
UNIJOS |
Non |
Non |
Non |
Non |
ABU |
Oui |
Oui |
Non |
Non |
KDSU |
Non |
Non |
Non |
Non |
BSU |
Non |
Non |
Non |
Non |
NFLV*** |
Non |
Non |
Non |
Non |
*** NFLV offre un programme poste-licence en traduction et en interprétariat (PGDT&I)
A la lumière des informations contenues dans ce tableau, nous pouvons faire les constats suivants:
Compte tenu de notre analyse, ci-dessus présentée, cela saute aux yeux qu'il existe une grande inadéquation en ce qui concerne la formation spécialisée ou professionnelle en traduction et en interprétariat dans la plus grand partie des départements de français dans nos universités au Nigeria.
L'avis de Simpson (2007:257) confirme notre constat ci-dessus. Voici comment il décrit la situation de la formation des traducteurs et interprètes en Afrique de l'Ouest en général et plus spécifiquement au Nigeria :
« Strictly speaking, apart from Ghana, there are no facilities for training of translators and interpreters in West Africa, as far as the European official languages are concerned. The only few trained translators and interpreters are the few successfully trained in France, Britain, Russia, Germany, Ghana, Arab-speaking countries and especially Canada."
"Strictement parlant, à part le Ghana, il n'existe pas de programme pour la formation des traducteurs et des interprètes en Afrique de l'Ouest, en ce qui concerne les langues officielles européennes. Les rarissimes de traducteurs et d'interprètes formes sont ceux qui ont été formes avec succès en France, en Bretagne, en Russie, en Allemagne, au Ghana, dans les pays arabes et surtout au Canada.» (Notre propre traduction)
Voila l'image déplorable de la formation en traduction et en interprétariat dans nos universités depuis fort longtemps, et malheureusement, elle n'a pas change, même aujourd'hui.
Certes, comme nous l'avons signale plus tôt, on n'est pas sans savoir que nos départements de français continuent religieusement a donner quelques cours de traduction aux étudiants aux niveaux de la licence et la maitrise, mais la vérité est que ces cours de quelques valeurs d'unité seulement ne suffissent pas du tout pour produire des spécialistes ou professionnels de traduction a plus forte raison d'interprétariat, un domaine qui est beaucoup plus technique.
Encore, cet avis est corrobore par Simpson (2007:257) qui a ceci a dire :
« ...the translation content of the B.A. degree in French, for instance, is much inadequate because the two-hour weekly French translation course in most universities is in fact only a means to an end. It is also obvious that teachers who handle these translation courses are themselves neither trained translation teachers nor teachers whose areas of research interest include translation. In short, what we have is improvisation done by pseudo an
« Le contenu des cours de traduction du programme de licence es lettre en français, par exemple, est trop inadéquat car les cours de traduction de deux heures par semaine dans la plupart des universités n'est, en effet, qu'un moyen et non une fin a soi... Il est également évident que les professeurs charges des cours de traduction eux-mêmes ne sont ni enseignants de traducteurs formes ni enseignants dont les domaines de recherche comprennent la traduction. Bref, nous n'avons que de l'improvisation faite pas des traducteurs incompétents et ad-hoc.» (Notre traduction)
Il ressort de ce qui précède une vérité indéniable. Il y a un manque de formation approfondie et adéquate en traduction et en interprétariat dans nos universités telles qu'elles sont présentement.
Quelles sont les causes?
La cause principale que l'on pourrait attribuer à ce manque de formation spécialisée ou
professionnelle en traduction/interprétariat dans nos départements de français est le manque des
formateurs eux-mêmes. En un mot, à l'heure actuelle, il est bel et bien clair qu'il existe une
pénurie lamentable des spécialistes en traduction/interprétariat parmi le corps enseignant dans la
plupart de nos départements de français. A vrai dire, comme le démontre le tableau de répartition
des professeurs dans les départements de français au Nigeria (issu du questionnaire administre en
novembre 2012), aujourd'hui, beaucoup de nos départements de français ont beaucoup
d'enseignants, mais l'ironie c'est que très peu de ces enseignants sont spécialistes de
traduction/interprétariat. Mêmes, dans certains départements de français, personne n'en est
spécialiste!
Et pire encore, ceux-là (très peu en nombre) qui sont présentement des spécialistes ou
professionnels de la traduction dans nos départements ne sont pas loin de la retraite. Nous
référant a (Amosu 2006 :37) qui affirme ce constat en disant que:
«We are presently facing a crisis of succession, because a large majority of those who are actively
engaged in translation and interpretation are well over 50 years old. »
"Actuellement, nous sommes face à une crise de succession car la grande majorité de ceux qui s'engagent
activement dans la traduction et l'interprétariat ont largement dépasse 50 ans.» (Notre propre traduction)
S'il en est ainsi, ne serait-on pas en droit d'exprimer la crainte que dans le futur très proche, il est
fort possible qu'on n'ait plus de traducteurs et interprètes formées par nos propres universités au
Nigeria? Bien évidemment, si!
Pour une vision plus claire de la problématique soulevée ici, voyons la répartition des
professeurs par domaines de spécialité dans les départements de français de quelques universités
nigérianes sélectionnées dans le cadre de cette étude. Il faut noter que par domaine de spécialité,
nous entendons le domaine dans lequel un enseignant universitaire a soutenu sa thèse de la
maitrise et/ou du doctorat (surtout ce dernier).
Tableau 2 : Répartition des professeurs par leur domaine de spécialité dans quelques départements de français ^ des universités nigérianes en date de Novembre 2012
Universités |
Nombre |
Nombre de |
Nombre |
de |
Nombre |
de |
|
total d' |
spécialistes |
spécialistes |
en |
spécialistes |
en |
|
ensei |
en |
langue |
|
traduction |
|
|
gnants |
Littérature |
(linguistique générale appliquée) |
ou |
|
|
UI |
7 |
5 |
1 |
1 |
||
OAU |
7 |
6 |
1 |
0 |
||
LASU |
7 |
2 |
2 |
3 |
||
UNIOSUN |
8 |
5 |
2 |
1 |
||
UNILAG |
14 |
ç |
5 |
0 |
||
UNILORIN |
ç |
2 |
3 |
4 |
||
UNIBEN |
13 |
10 |
3 |
0 |
||
DELSU |
6 |
3 |
3 |
0 |
||
IMSU |
8 |
4 |
2 |
2 |
||
UNIUYO |
12 |
6 |
3 |
3 |
||
UNIPORT |
10 |
5 |
1 |
4 |
||
UNIJOS |
11 |
ç |
1 |
1 |
||
ABU |
ç |
5 |
2 |
2 |
||
KDSTU |
6 |
5 |
1 |
0 |
||
BSU |
13 |
13 |
0 |
0 |
||
NFLV |
33 |
13 |
11 |
ç |
Ce tableau appelle quelques remarques saillantes qui suivent:
Etant donne notre analyse, ci-dessus présentée, il s'ensuit que nos départements de français, dans
leur plus grande majorité, ne sont pas a même de former de jeunes spécialistes/professionnels
dans le domaine de traduction/interprétariat du simplement au fait que présentement, il n y a pas
suffisamment de spécialistes du domaine.
Une autre cause palpable de la quasi-disparition des études en traduction/interprétariat dans nos
départements de français relève de ce que nous pourrons appeler « la marginalisation » des
titulaires de la maitrise professionnelle en traduction obtenue de certaines universités qui
l'offraient. Pour appuyer notre point de vue ici, nous prendrons comme cadre de référence ou
étude de cas, l'ancien programme de « M.A. Translation » de l'Université de Lagos (UNILAG).
Il est important de rappeler tout de suite qu'entre 1991 et 2004, l'UNILAG offrait un programme
de maitrise en traduction dénomme spécifiquement et a ajuste titre (M.A. Translation), mis a part
le programme de « M. A. French » du même département. Ce programme de « M.A.
Translation », conçu par le Prof. Simpson avant sa retraite de l'UNILAG, n'a pu voir le jour
qu'exactement 10 ans après le départ de ce dernier. Evidemment, le programme avait pourtant
attire l'intérêt de beaucoup de jeunes nigérians qui ambitionnaient de devenir des
spécialistes/professionnels dans le domaine.
En effet, le curriculum du programme qui durait deux annees scolaires (contrairement a une seule année scolaire pour la « M.A. French » était richement conçu et rigoureusement enseigne du point de vue de la théorie et de la pratique. Le programme comprenait un stage obligatoire auprès des organisations internationales dans le but d'exposer les étudiants à la réalité de la marche de travail et à la pratique réelle de la profession.
Cependant, ce programme a été malheureusement désigne comme étant «terminal». En d'autres termes, les titulaires de cette maitrise en traduction sont d'ores et déjà bloques, car ils ne pourront pas procéder aux études doctorales après quoi ils pourraient être en mesure de devenir des spécialistes et par la suite, qualifies de former d'autres personnes aux niveaux de maitrise ou de doctorat. Il est vrai que certains des titulaires de ce diplôme vont vouloir chercher une vie de carrière beaucoup plus juteuse auprès des organisations internationales et les entreprises, mais toujours est-il que certains d'entre eux aussi, fascines et passionnes par l'enseignement, vont aimer rester dans nos départements de français, pour former d'autres personnes pour l'avenir. Malheureusement leur rêve et aspiration de procéder au doctorat reste un mythe tout simplement parce qu'ils ont choisi faire la « M.A. Translation » au lieu de « M.A. French ». Ils sont devenus des rejetés par les universités nigérianes, a moins qu'ils ne retournent en arrière pour faire ce qu'on appelle la « M. Phil », même s'ils avaient obtenu 90% pour le « M.A. Translation)). Ajoutons aussi que le « M. Phil » ne sera pas strictement en traduction, toujours pour manque d'enseignants-spécialistes. C'est soit en littérature ou en langue, ce qui fait un demi-tour de la voie de carrière préférée des personnes concernées.
Mais, cependant, cette même maitrise en traduction de l'UNILAG qui est d'emblée rejetée pour l'accès au programme du doctorat dans les universités nigérianes (y compris UNILAG elle- même) est très bien acceptée pour le même programme (doctorat) par certaines universités a l'étranger notamment au Canada, pays de la traduction. La question qu'il faut donc poser est, combien de nos compatriotes seront en mesure de payer la somme énorme que représentent les frais de scolarité et les frais de subsistance pendant les 3 ou 4 annees d'études à l'étranger?'. La réponse saute aux yeux!
La troisième cause du problème qui nous préoccupe dans cette étude est un autre manque; celui de l'intérêt et de la volonté politique de la part des autorités compétentes chargées de l'éducation supérieure, a savoir, les gouvernements étatiques et fédéral, les conseils d'administration et la direction des universités y compris les chefs des départements de français, vis-à-vis de l'importance de produire et reproduire les spécialistes/professionnels de traduction/interprétariat localement dans notre pays.
Il semblerait que malgré les échos de la mondialisation en cours avec le rôle indispensable qu'y joue le métier de traduction et d'interprétariat, nos autorités au Nigeria restent toujours inconscientes voire négligentes de la nécessite d'encourager la formation des traducteurs et interprète dans ce pays. Ce constat, nous le croyons, ne risque pas d'être contredit si l'on considère le fait que jusqu'a présent, aucune politique officielle n'a été prononcée pas les instances gouvernementales en faveur de la professionnalisation et la normalisation de la pratique de traduction et d'interprétariat. Même le projet de loi sponsorise par «Nigeria Institute of Translators and Interpreters » (NITI), et présente à l'Assemblée Nationale afin d'accorder un statut légal à l'organe, attend toujours le feu vert du gouvernement, après tant d'années.
Quelles en sont les conséquences?
S'il était ainsi établi qu'il y a manque de formation spécialisée/professionnelle en traduction/ dans les départements de français des universités nigérianes, il n'en serait pas moins vrai que certains effets néfastes naitront naturellement de ce phénomène, tôt ou tard. Nous allons donc en examiner comme suit.
A notre avis, la toute première conséquence sera que, dans peu de temps, de vraies études en traduction seraient systématiquement rayées de nos départements car personne ne sera la pour les assurer. A cet égard, qu'il nous soit permis ici de reprendre les remarques d'Ossau (2004:265), remarques qu'il a faites en parlant de la nécessite d'assurer la relevé pour les érudits distingues qui, a tour de rôle, faisaient (et font toujours) leurs adieux aux quatre murs de nos universités. Notons, par ailleurs, que, bien qu'il s'agisse chez Ossau d'un érudit en particulier, nous estimons que le cas est semblable presque partout, dans le contexte de cette étude. Selon lui:
«...Peter Oken, will on retirement, leave serious vacuum in the areas of Translation.which he handled for many years at the University of Benin. One only hopes that the University system, the NUC and the Federal Government will close up ranks and come out with service conditions that will attract talented young folk to replace such rare intellectual colossi; otherwise, standards will continue to fall progressively as and when they take exit from active University teaching in Nigeria."
".des sa retraite, Peter Okeh laissera un grand vide dans le domaine de la Traduction.dont il était charge pendant plusieurs annees a l'Université de Benin. On ne peux qu'espérer que les autorités d'Université, la NUC ainsi bien que le Gouvernement Fédéral vont travailler en concertation et assureront des conditions favorables pour attirer des jeunes et talentueux enseignants qui remplaceront de tel grands intellectuels très rares ; sinon, le niveau ne cessera de chuter au fur et a mesure que ceux-là quittent l'enseignement universitaire actif au Nigeria.»
Si ce voeu s'était réalise, on aurait pu compter aujourd'hui, bon nombre de spécialistes de traduction a l'Université de Benin et même ailleurs. Mais, malheureusement, c'est le contraire car depuis que le Prof. Peter Okeh est parti a la retraite de l'Université de Benin, depuis que le Prof. Joseph Ukoyen a quitte l'Université d'Ibadan, depuis que les professeurs Simpson, Abioye, Owhotu, ont quitte l'Université de Lagos, etc.; c'est un secret de Polichinelle qu'on n'a plus tellement de formation proprement dite en traduction dans ces universités particulièrement, juste comme dans beaucoup d'autres universités au Nigeria, en général.
Une autre des retombées du manque de formation spécialisée/professionnelle en traduction/interprétariat au Nigeria est que ceux qui s'intéressent passionnément a ce genre de formation seront obliges de se tourner vers les universités étrangères au Ghana, au Canada, en France, etc. ou la formation est disponible. Rappelons, néanmoins, que la formation a l'étranger n'est pas gratuite. D'ailleurs, elle coute énormément cher. Naturellement, cela n'est pas sans sa conséquence économique pour le Nigeria sous forme de perte de devise étrangère. L'argent qui aurait pu contribuer à l'économie nationale est malheureusement investi dans l'économie d'autres pays.
Toujours par voie de conséquence, les jeunes universitaires nigérians aventureux qui se rendent à l'étranger pour se faire former en traduction/interprétariat, dans la plupart, n'ont plus envie de revenir au Nigeria après leurs études. Plutôt, ils chercheront à s'installer dans leurs pays hôtes
Où, apparemment, la vie est plus belle et prometteuse. Ceci, a son tour, résultera en fuite de cerveau dans nos universités; une situation qui est très indésirable mais aussi très inévitable si les présentes circonstances continuent inchangées.
Quelle donc serait la voie de sortie?
Au premier abord, pour arrêter la pénurie imminente des enseignants, spécialistes et professionnels de traduction/interprétariat dans nos universités, il faut, dorénavant, que l'on mette l'accent sur la formation solide, appropriée, ciblée et professionnelle. Les efforts louables présentement déployés par des organismes prives notamment le Nigeria Institute of Translators and Interpreters (NITI) méritent d'être étiquetés a cet égard. Chaque année, NITI réunit ses membres autour d'une conférence durant laquelle des questions saillantes touchant a la profession sont décortiquées. En plus, depuis un certain moment, NITI, en collaboration avec d'autres organes du secteur prive tel « Interlingua Ltd. », à l'habitude d'organiser des modules de formation professionnelle pour le public intéresse au métier de traduction/interprétariat. Un exemplaire d'invitation a de telle formation détaillant le contenu du cours est joint en annexe, comme preuve.
Cependant, loin de sembler être en train de minimiser le contenu très riche des cours de recyclage donnes par NITI, les cours qui durent normalement entre une et deux semaines au maximum, nous estimons que ce ne serait pas suffisant pour devenir spécialiste dans le domaine. Comme nous l'avons évoque a maintes reprises, le niveau de doctorat sera le minimum pour quelqu'un de prétendre être spécialiste d'une branche de connaissance quelconque, particulièrement pour les universitaires. C'est pour cela que nous avançons un plaidoyer pour la mise en place des programmes de «M. A. Translation)) et «Ph.D Translation » a part ceux de «M. A. French » et « Ph. D French » qui sont présentement réguliers dans nos départements de français. Certes, l'apport de NITI un tant qu'un organe professionnel sera de haute importance. Donc, il ne devrait pas être néglige pour la bonne marche et accréditation de tels programmes. Dans le même ordre d'idée, nous aimerions réitérer le fait que les programmes tels que le « M.A. Translation » de l'UNILAG ne devraient pas être désignées comme étant « terminal », afin de permettre aux titulaires d'accéder aux études de doctorat, toujours en traduction.
En un mot, la disponibilité des programmes de maitrise et de doctorat en traduction/interprétariat est de mise et elle s'avère urgente pour que ceux qui y seraient formes puissent assurer la relevé quant ceux qui sont présentement charges des cours de traduction a savoir les Ajiboye, Bariki, Amosu, Soyoye, Chima, Akakuru et autres, vont quitter, un a un, nos départements de français.
Pour ce faire, les autorités compétentes, en l'occurrence les chefs des départements de français, les Senats et les Conseils d'administration des universités nigérianes, la NUC, ainsi bien que les groupements professionnels tels NITI, UFTAN, etc., sont toutes appelées a faire tout le nécessaire pour la réalisation, dans le plus bref délai, de ce vreux qui est si important pour l'avenir des études en traduction/interprétariat dans nos universités en particulier, et des études françaises au Nigeria en général.
Conclusion
Aux termes des réflexions qui précèdent, nous pouvons dire que nos trois hypothèses de départ ont été validées dans une large mesure. Primo, nous avons pu établi le fait que, présentement, la formation spécialisée/professionnelle en traduction/interprétariat, particulièrement au niveau de la maitrise et du doctorat est presque inexistante dans la plus grande partie de nos départements de français. Secundo, il a été valide qu'un grand manque de spécialistes en traduction et en interprétariat existeprésentement dans la plupart des départements de français des universités nigérianes. Tercio, le manque de formation aujourd'hui risque d'aboutir a l'extinction totale des études en traduction/interprétariat dans l'avenir car personne ne sera la pour prendre la relevé de ceux qui sont la présentement. Alors, pour éviter ce genre de famine intellectuelle voire professionnelle, certaines propositions ont été faites à l'endroit des autorités compétentes et les parties prenantes concernées.
En guise de conclusion, nous sommes plein d'espoir et de conviction que ce n'est pas encore trop tard pour s'assurer que les études spécialisées/professionnelles en traduction/interprétariat soient bien nourries et enracinées dans nos universités. Nous devrions, pour cela, commencer par former les futurs spécialistes/professionnels de traduction/interprétariat pour nos départements de français à l'université dès maintenant, car « demain commence aujourd'hui », dit-on!
References Bibliographiques
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Sitographie
URL: http://translationj ournal.net/j ournal/56translator. htm
Annexe : Contenu du cours de formation professionnelle pour traducteurs et interprètes
organise par NITI (2014)
INTERLINGUA LIMITED
in collaboration with the
NIGERIAN INSTITUTE OF TRANSLATORS AND INTERPRETERS (NITI)
Announce the following workshops on
Professional Development for Translators and Interpreters
1. Literary and Non-Pragmatic Translation Techniques: Module 101
Intended for: practising and intending translators, writers, literary scholars and critics, religious translators and scholars, journalists, media practitioners, diplomats, and security personnel, protocol officers, language and translation teachers and researchers, etc.
Language combinations: English or French and any other language, including Nigerian languages, Arabic and Swahili.
Course Contents include: Translation Theory and Principles, Message, Unit of Translation, Text Analysis/ Categorization, Equivalence, Non-Pragmatic Writing, Creative Writing, Esthetics, Poetics, Hieratics, Literary Translation Practice.
Date: 31 March-4 April, 2014
Venue: University of Lagos Conference Centre, Akoka, Lagos
Course fee: N35, 000; N30, 000 (NITI Members)
Covers course materials, lunch and certificate Multiple registration of a minimum of 3 from the same institution attracts 10% discount Deadline for registration: 10th March, 2014
2. Technical Translation Techniques: Module 102
Intended for: practising in-house/staff and freelance translators, intending translators, writers, media practitioners, security personnel, protocol officials, language and translation teachers and researchers, etc
Language combinations: English or French and any other language, including Nigerian languages, Arabic and Swahili.
Course Contents include: Translation Theory and Principles, Message, Unit of Translation, Equivalence, Text Analysis/ Categorization, Pragmatics, Technical/Scientific Texts (economic, banking, financial, management, legal, medical, ICT ,sci-tech, aviation, agriculture, fisheries,aquaculture, etc.), Documentation, Glossary Compilation, Technical Translation Practice.
Date: 27- 31 May, 2014
Venue: University of Abuja, Abuja
Course fee: N45, 000
N40, 000 (NITI Members) Covers course materials, lunch and certificate Multiple registration of a minimum of 3 from the same institution attracts 10% discount Deadline for registration: 6th May, 2014
3. Conference Interpretation Techniques: Module 103
Intended for: practising and intending conference interpreters, including NITI and AIIC members, in- house/staff interpreters in international organizations, NGOs, etc, freelance interpreters, religious interpreters, protocol officers, security personnel, language and translation teachers and researchers, etc.
Language combinations: English or French and any other language, including Nigerian languages, Arabic and Swahili.
Course Contents include: Message, Public Speaking, Note-Taking Techniques, Memory Joggers, Terminology/Glossary Compilation, Professional Ethics ('Deontologie'), Booth Manners; Liaison Interpreting/ "Elbow" Techniques/ Consecutive Interpretation/Simultaneous Interpretation Practice.
Date: 28 June - 2 July, 2014
Venue: Nigerian French Language Village, Badagry, Lagos State.
Course fee: N55,000
N45,000 (NITI Members) Covers course materials, lunch and certificate Deadline for registration: 7th June, 2014
Multiple registration of a minimum of 3 from the same institution attracts 10% discount
PAYMENT OF REGISTRATION FEE:
Please pay to: INTERLINGUA LIMITED account no. 6 5 0 0 1 9 2 6 5 1, Mainstreet Bank, Victoria Island branch.
Please note that no registration is complete without proof of payment. You can scan and send the teller to contact@nitinigeria.net or come with the original teller to the Training venue.
Telephone: 08181847705, 08033138510, 08024665993, 08039449792, 08056011905, 08023195603