Page 86 - Translation Journal July 2015
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ducteur un talent d’écrivain et tant qu’il n’y a pas d’écoles pour les poètes et les romanciers, il est difficile de créer une école pour les
traducteurs littéraires, Il n’est pas suffisant pour un traducteur des poèmes de connaître la langue d’arrivée sans avoir les connaissances
techniques dont il aura besoin pour traduire. Vu leurs caractéristiques propres, la traduction des textes techniques et scientifiques se fait
généralement à part dans les écoles de traducteurs.

La maitrise de la méthode à appliquer pour effectuer des traductions satisfaisantes est sinon un prérequis, en tout cas au moins une
première étape dans la formation de futurs formateurs de traducteurs. Connaissant le texte à traduire, il faut suivre quelques étapes dont
la première est la compréhension du texte. Le traducteur doit d’abord situer le texte et le lecteur visé, c’est-à-dire si le texte s’adresse
à des universitaires, à un public intellectuel ; le texte est –il un poème, une pièce de théâtre, un roman, un discours etc. Le traducteur
est censé, après sa première lecture du texte, comprendre de quoi il s’agit, de quoi l’auteur parle, sa manière de penser, ses prises
de position, son goût du paradoxe et même le niveau de langue qu’il emploie. C’est au traducteur d’essayer de résumer en quelques
mots l’idée majeure du texte en prêtant attention à des aspects comme les problèmes d’ordre linguistique, des éléments plus ou moins
directement transcodables et ainsi de suite. Ainsi, il trouvera moins difficile de rendre correctement le sens du texte de départ dans la
langue d’arrivée.

Un autre point crucial qui mérite une réflexion approfondie est le choix des textes de travail. Il est essentiel que le traducteur se penche
sur l’aspect thématique en essayant de comprendre ce que le texte dit exactement. Il ne doit pas se contenter de relever la terminologie
dans un dictionnaire bilingue sans comprendre ce que chaque terme signifie. La compréhension du contexte est très importante. Le
traducteur est censé faire le travail de documentation linguistique ou même extralinguistique c’est-à-dire de chercher des textes similaires
avec le même sujet et peut-être même le même type de publications.

Il serait utile d’amener les futurs traducteurs à affronter des difficultés de différente natures linguistiques, culturelles, thématique etc.
Un travail de documentation comme nous venons de le suggérer permet de comprendre le sujet et de donner un bain linguistique dans la
langue d’arrivée. Les sources de documentation des traducteurs sont divisées en dictionnaires monolingues, encyclopédies de langues
spécialisées, dictionnaires multilingues, journaux, revues spécialisées, glossaires terminologiques, etc.

Après la documentation, la prochaine étape est de reformuler le texte, ceci veut dire que le traducteur reprend les idées du texte. Il
pose des questions sur le contenu, les ‘intentions’ de l’auteur et ses sous-entendus, il essaie de raconter les notions clés et la façon
dont elles sont articulées sans se préoccuper strictement de la forme mais de la cohérence de la pensée et de la clarté de l’expression. Le
traducteur, au cas où il trouve difficile d’exprimer clairement quelque chose dans la langue d’arrivée peut passer à la paraphrase jusqu’à
ce qu’il puisse rendre l’idée avec clarté. Cette méthode aide à comprendre le texte original et à préparer le texte dans la langue d’arrivée.

Pour un entraînement pratique et pour avoir une version définitive, il est toujours nécessaire de commencer par reformuler oralement
le sens du texte et de rester fidèle à la logique de la langue en évitant les équivalences injustes, les qualitatifs, le mot à mot, le traducteur
ne devrait pas utiliser des mots formellement analogues aux mots français pour échapper aux faux amis.

Evidemment, après avoir traduit un texte, le traducteur doit apprendre à lire attentivement ce qu’il a écrit pour s’assurer de la
cohérence de la pensée exprimée, de la clarté et de la qualité de l’expression employée. Ceci est pour ne pas perdre le sens de la
langue source. Il peut aussi faire lire sa traduction par quelqu’un d’autre qui peut juger du bon niveau de langue. Il est même conseillé
qu’il fasse lire la traduction à quelqu’un qui ne connaît pas le texte original.

A part les cours de traduction, on peut apprendre à traduire à partir des réussites et des erreurs commises par les apprenants.
Avec ces réussites, on peut montrer la justesse des équivalences, des transcodages trouvés et signaler celles que l’on peut retenir pour
d’autres occasions. L’apprenti traducteur peut aussi signaler la justesse de certaines équivalences dynamiques pour des phrases qui
sont difficiles et confronter d’autres solutions afin d’offrir plus de possibilités. En ce qui concerne des erreurs, elles peuvent provenir
d’une mauvaise compréhension due à une méconnaissance de la langue source. Dans ce cas, on aura besoin d’un perfectionnement
linguistique. L’erreur peut provenir du manque de préparation thématique sur le sujet ou encore elle peut découler d’un manque de
maîtrise de la langue maternelle, ce qui est le cas le plus fréquent chez le traducteur.

Des fois, dans les cours de traduction, l’erreur due à l’utilisation d’une mauvaise méthode peut apparaître dans la traduction de
l’étudiant. Cette erreur peut faire tomber le traducteur dans le littéral ou même le manque de clarté. Pour se corriger alors, l’apprenant
doit essayer de développer un rythme de parole plus spontané et de décrocher des mots de l’original, c’est à dire qu’il doit reformuler
plusieurs fois ce qu’il a compris sans regarder le texte jusqu’à ce qu’il arrive à bien rendre le sens de l’original. Il peut aussi réserver son
expression pour gagner une concision et paraphraser là où il tombe dans le calque.

Pour apprendre à bien traduire, l’étudiant doit essayer de faire des exercices servant à développer ses compétences et à rectifier
des erreurs tenaces. Selon Deslile (1980), pour qu’un étudiant puisse faire une traduction et découvrir le dynamisme de l’équivalence
en traduction, il doit faire une recherche d’équivalence des mots et des phrases les plus importants d’un texte. L’étudiant doit se servir
de dictionnaires pour chercher des équivalences possibles d’un mot, c’est-à-dire les équivalences hors contexte et les équivalences
contextuelles.Ainsi, l’étudiant prend conscience du fonctionnement dynamique des équivalences en traduction et en trouvant les
équivalences contextuelles,il constatera que l’équivalence donnée dans les dictionnaires peut ne pas aller avec le sens du texte source.
Par exemple, il existe une grande différence entre le sens référentiel d’un mot et le sens contextuel du même mot. Si un traducteur a à
traduire ‘daddy’, ‘father’, ‘pop’, (des mots qui ont le même signifié (père), le traducteur doit considérer les facteurs qui nécessiteront
le choix du mot. Le facteur peut varier selon la personnalité du traducteur, la présence de la personne en question ou le sentiment du
traducteur au moment où il fait son travail.

Une autre méthode pour apprendre la traduction est de faire ce qu’on appelle une traduction commentée au cours de laquelle
l’étudiant développe son raisonnement analogique. Ceci consiste à demander aux apprenants (traducteurs) de commenter ou bien de
paraphraser certains mots, certaines expressions ou certains textes dans la langue originale, c’est-à-dire, ces apprenants donnent une
sorte de définition des mots ou des phrases visant à en expliquer le sens. Ceci fait que les apprenants trouvent des mots pour recouvrir
un sens, et recourent avec discernement à des outils comme les paraphrases et les notes du traducteur.

On peut aussi apprendre aux étudiants à traduire en demandant aux étudiants d’isoler certains mots ou structures difficiles à traduire,
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